Agriculture

Article 9

L’agriculture doit être investie par chaque état d’une mission écologique et nourricière claire, en retour la société civile doit lui donner les moyens d’assumer cette mission, sans subir seulement des critiques sur ses insuffisances.

Article 10

L’agriculture doit tendre à généraliser l’agroécologie, à développer l’agriculture biologique, ou à réduire à l’extrême l’utilisation des pesticides, des engrais azotés et des énergies fossiles.

Article 11

L’agriculture est chargée d’entretenir la plus grande biodiversité végétale possible, et de proposer éventuellement de nouveaux systèmes de production. À cette fin, elle doit avoir la maîtrise des ressources génétiques, l’accès à des semences et des plants d’origines diversifiées en fonction de ses besoins (semences paysannes, semences issues de sélection participative, ou d’amélioration génétique). Dans tous les cas, elle devra rechercher de nouvelles variétés végétales rustiques, adaptées aux terroirs et résistantes aux maladies, comme aux stress abiotiques. Chaque ferme doit entretenir ou créer si nécessaire des haies, planter si possible des arbres forestiers, ou fruitiers adaptés à la région.

Article 12

L’agriculture doit conduire des élevages écologiques pour la fourniture de produits animaux et pour la conduite d’une agroécologie fertilisée par les déchets animaux. Elle abandonnera progressivement les élevages intensifs et redéploiera au mieux les élevages pour les coupler aux productions végétales. Pour chaque espèce animale, il sera défini un cahier des charges concernant : d’une part, la conduite d’élevages écologiques, respectueux du bien-être et de la vie animale, et d’autre part, la qualité optimale que les produits animaux doivent présenter pour la santé humaine. Ce cahier des charges ambitieux nécessite une revalorisation suffisante des produits animaux, afin qu’il puisse être acceptable par les éleveurs.

Article 13

L’agriculture s’efforcera de produire un assortiment alimentaire de proximité correspondant à une alimentation préventive faite d’une grande biodivesité végétale et d’un complément modéré en produits animaux. Elle s’organisera en réseau coopératif pour assurer l’approvisionnement de la restauration collective régionale. À cette fin, elle pourrait prendre en charge de nombreuses transformations alimentaires, et alimenter aussi les circuits de distribution de proximité.

Article 14

Les systèmes agraires devraient être entièrement tournés vers la nutriécologie, ce qui pourrait valoriser la qualité nutritionnelle et la valeur marchande des productions agricoles et permettre à la majorité des fermes paysannes, souvent de taille moyenne, de perdurer, contribuant ainsi à la vitalité des campagnes. Les petites fermes de polyculture et d’élevage seront réhabilitées pour l’équilibre écologique et nutritionnel qu’elles peuvent garantir et pour améliorer l’offre en produits de proximité. Afin de faciliter ce service sociétal essentiel, elles devraient bénéficier d’une priorité dans l’attribution de nouvelles terres. Les fermes de grande culture devraient être systématiquement complétées par des ateliers d’élevage ou de maraîchage pour la complémentarité de leurs productions et pour maintenir des emplois en milieu rural.

Article 15

Chaque unité de production agricole devrait pouvoir bénéficier :

– D’une expertise écologique pour évaluer ses émissions de gaz à effet de serre, ses autres empreintes écologiques, pour contrôler la santé des sols et l’évolution de ses teneurs en matière organique, les dépenses en eau et sa contamination éventuelle.

– D’une expertise nutritionnelle pour évaluer la qualité des productions, la pertinence des assortiments alimentaires et leur adéquation aux besoins régionaux.

– D’une expertise sociale pour apprécier leur rôle dans le maintien des emplois et la vie du territoire rural.

Les subventions accordées devraient être liées au bilan de ces évaluations concernant cet ensemble de critères écologiques, nutritionnels et sociaux.

Article 16

Pour que l’agriculture biologique reste au cœur de la nutriécologie, elle doit combattre certaines dérives, comme celle de se développer avec une agriculture industrielle, avec des produits d’origine très lointaine, ou avec une offre de produits ultratransformés. De plus, elle doit être exemplaire dans la préservation de la vie des sols, la lutte contre le réchauffement climatique et le conditionnement de ses produits.

Sélection des semences, des plants et des races animales

Article 17

Les critères de sélection et d’inscription des variétés végétales sont aujourd’hui majoritairement liés à leur efficacité productive, à des qualités technologiques spécifiques pour faciliter leur utilisation industrielle ou leur commercialisation, ce qui conduit à la disparition progressive des anciennes variétés paysannes. La qualité nutritionnelle globale, la rusticité, une extrême résistance aux maladies ou aux stress abiotiques doivent devenir des facteurs déterminants pour la création variétale, sans recours à des OGM ou à des techniques d’OGM cachés.
La gestion des semences et des plants, ou celle des races animales, doit obéir à des critères très généraux, correspondant à la mise en œuvre d’une nutriécologie nouvelle. À cette fin, le travail des semenciers et des autres acteurs liés, ainsi que les critères officiels de sélection doivent être entièrement repensés.

Préservation du vivant

Article 18

L’ensemble des activités humaines et plus particulièrement l’agriculture, par l’utilisation des pesticides ou des pratiques agronomiques inappropriées sont responsables de la disparition des insectes, des oiseaux, des vers de terre… ou de la dégradation de la vie microbienne des sols. La nutriécologie investit l’agriculture d’une préservation générale du vivant que la société doit s’engager à soutenir et à rémunérer.

Lutte contre le réchauffement climatique

Article 19

La capacité de photosynthèse des plantes est le poumon de la planète pour utiliser le CO 2 , c’est pourquoi les modes d’agriculture et d’alimentation seront déterminants dans la lutte contre le réchauffement climatique. Parmi les mesures les plus urgentes, il faut citer la séquestration du CO 2 dans la matière organique du sol, l’amélioration de la couverture végétale, la lutte contre la déforestation, le reboisement et la diminution de la consommation de produits animaux.